Vendredi 13 avril 2001 (déjà faudrait pas plonger mais ça ne fait rien je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur), l’équipement est chargé dans le coffre et direction le grand port à Aix pour rejoindre Mr Claude grand plongeur de nuit devant l’éternel. 19 h 30 on s’équipe sur la jetée sous les yeux des quelques badauds qui ont osé sortir malgré la bisole qui descend du nord, d’ailleurs ils nous regardent comme des martiens avec notre équipement, nos lampes, tubes et autres accessoires. Ce soir nous allons voir si les brochets sont de retour à l’embouchure du Sierroz, la rivière qui traverse Aix. Avec la montée des eaux on pourra peut-être même remonter un peu son cours pour vérifier s’il y a des truites. Mise à l’eau, elle n’a jamais été aussi facile, la surface est à peine à 20 centimètres du sommet des jetées, un palmage soutenu pour sortir du port et arriver dans une zone plus propice à l’immersion. Première difficulté il y a des vagues on se croirait en mer sauf qu’elles sont beaucoup plus courtes et se succèdent à un rythme infernal, faudrait pas trop traîner en surface, allumage des phares, un ultime contrôle et on y va. Deuxième difficulté, entre la surface et dix mètres j’hésite entre poireaux pommes de terre et potage aux sept légumes, à moins que ce ne soit velouté de cresson bref y a de la brume, le Claude n’est qu’une vague silhouette, je ne le distingue qu’à grand peine.
On descend vite fait et peut-être même bien fait jusqu’à 20 m pour tomber sur un nid de grosses perches (un marseillais aurait pu dire de la taille d’un mérou mais on n’est pas à Marseille, la narcose ne fait pas effet et on s’arrêtera à 30 ou 35 centimètres, déjà des beaux petits engins). Un petit quart d’heure à cette profondeur et on commence une remontée qualifiée dans le cursus de la FFESSM de lente, 20 minutes pour regagner les 6 mètres, on ne doit pas pouvoir faire beaucoup moins. Des sandres de toutes tailles, des brochets dont un magnifique mais aussi, et c’est malheureux, des ordures déversées par le Sierroz en crue, eh les gens faudrait devenir un peu plus propres, ce n’est pas parce que les saletés sont au fond qu’elles n’existent plus ! .
On prend le chemin du retour, Mr Claude est en humide et 35 ’ dans de l’eau à 8° c’est déjà pas mal. Les trois mètres sont là et il faut suivre la digue jusqu’à l’entrée du port. Avec mon étanche il me manque bien 1 kg, un caillou me sauve la mise, par contre le ressac (riez pas quand je dis ça) me ballote de droite à gauche et avec le champ d’algues qui ondule sous mes yeux je sens le mal de mer qui monte. On ne va pas traîner. Curieusement l’eau est plus claire et me permet de rentrer grâce à mes repères habituels, tu comptes six lampadaires (grosse lueur orange) puis tu cherche le phare du chenal (bougie verte) et plein est à la boussole pour rejoindre le plan incliné, c’est facile mais ça impressionne toujours quand on ressort pile poil là où on s’est mis à l’eau. 48’ de plongée, pas mal, on se change en maudissant le vent et le froid, un petit arrêt pour réhydrater les cellules, deux bières devraient y arriver, par dessus une crème brulée et on se rentre. Onze heures au lit et demain stage nitrox. A plus.
Edouard ERNOULD