Classification et description
La Musaraigne aquatique
- Règne : Animalia
- Embranchement : Chordata
- Sous-embr. : Vertebrata
- Classe : Mammalia
- Sous-classe : Theria
- Infra-classe : Eutheria
- Ordre : Soricomorpha
- Famille : Soricidae
- Sous-famille : Soricinae
- Tribu : Nectogalini
- Genre : Neomys
Nom binominal : Neomys fodiens
Description : La musaraigne aquatique ou crossope aquatique est la plus grosse et la plus remarquable des musaraignes d’Europe. Elle a un corps robuste, pour sa petite taille de 6 à 12 cm, une tête allongée avec un museau en forme de trompe et une longue queue velue. Elle possède un pelage épais et luisant, brun foncé sur le dos et blanc sur le ventre. Son poids varie entre 10 et 20 grammes. Elle possède une frange de cils natatoires rigides au niveau des pattes arrières et de la queue. Son cri est un appel aigu, presque sifflant.
La Musaraigne aquatique est parfaitement adaptée à la plongée. Ses pattes sont munies de longs poils lui permettant de se propulser efficacement sous l’eau et sa longue queue est munie, sur la face inférieure, d’une longue frange de soies faisant office de gouvernail.
La musaraigne aquatique est un animal agressif et solitaire, chacune occupant un territoire qu’elle défend contre tout intrus. Elle creuse un terrier dans une berge, puis fabrique une boule de racines, de mousse et d’herbes dont elle garnit le nid.
La musaraigne aquatique est active de jour comme de nuit, et son temps est partagé entre les périodes d’activité et de repos. Elle se déplace par petits bonds sur le sol et n’aime pas rester trop longtemps dans l’eau. Elle revient souvent sur la berge pour se sécher, en se glissant dans l’étroit passage de son terrier pour chasser l’eau de sa fourrure avant de se toiletter longuement.
Nourriture : elle se nourrit de petits crustacés, insectes (larves aquatiques notamment), mollusques, vers, également œufs et larves de poissons et batraciens, voire batraciens adultes.
Reproduction : Sa gestation dure 3 semaines avec un nombre de portée qui peut aller jusqu’à trois. Une portées compte de 5 à 10. La période de reproduction s’étend entre avril et septembre. Les petits quittent leurs parents après cinq à six semaines.
Répartition : Présente dans toute l’ Europe, elle n’est absente que de l’Irlande et d’une grande partie de l’Espagne, de l’Italie et des Balkans. Vous pouvez la rencontrer dans toute la France continentale.
Infos diverses
Menaces : La Musaraigne aquatique est menacée par la destruction de son habitat et la disparition de ses proies, conséquence de la pollution de l’eau. L’état de ses populations n’est pas connu, mais l’évolution de son habitat laisse penser qu’elle a dû régresser depuis quelques décennies.
Statuts :
- Espèce « pouvant être considérée comme en danger, vulnérable ou rare, mais dont le manque d’information ne permet pas de confirmer le statut » selon le Muséum National d’Histoire Naturelle.
- Espèce classée indéterminé par l’UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature), c’est-à-dire que les connaissances ne sont pas assez larges pour lui attribuer un statut de menace éventuelle.
- Espèce protégée en France par l’Arrêté Ministériel du 17 avril 1981 en application de la loi relative à la protection de la nature du 10 juillet 1976.
- Espèce figurant à l’annexe III (Espèces animales dont l’exploitation doit être réglementée en vue de leur protection). de la Convention de Berne.
Bio-indicateur ?
En tant que petit prédateur semi-aquatique d’invertébrés d’eau douce, en raison de leur habitat, et en considérant que la qualité de l’eau affecte négativement la diversité et l’abondance des invertébrés aquatiques (macroinvertébrés en particulier, considérés comme de bons bioindicateurs), les musaraignes aquatiques ont été intuitivement proposées ou considérées comme bio-indicateur vertébré de la qualité de l’eau. Les cartes anglaises de distribution ne confirmaient pas par exemple de liens avec la qualité de l’eau. Une étude récente conclut que cette espèce (Neomys fodiens) ne peut pas être considérée comme un bon bioindicateur de la qualité de l’eau.
Cette étude est fondée sur des pièges-tubes posés durant plus de 3 ans sur 26 endroits différents quant à la qualité de l’eau, dans les zones humides du Sussex (Royaume-Uni). L’étude a porté sur la présence/absence de musaraigne aquatique sur ces sites, en évaluant l’activité des musaraignes (mesurées par le nombre d’excréments laissés dans les pièges). Parallèlement, la qualité physico-chimique de l’eau a été mesurée via six paramètres analysés (oxygène dissous, pH, température, ammoniac, nitrate et phosphate) et deux indices dérivés d’indicateurs biologiques (via la composition des populations d’invertébrés aquatiques). L’étude n’a pas permis de mettre en évidence une corrélation entre qualité du milieu (physique, chimique ou biologique) et présence de cette musaraigne.
Les résultats suggèrent que la présence/absence de la musaraigne d’eau et sa fréquence sont plus liés à l’environnement général et à la saison qu’à la qualité de l’eau elle-même. Ces musaraignes se sont montrées plus tolérantes qu’on ne l’imaginait à de mauvaises qualités d’eau (ces eaux sont parfois pauvres en biodiversité, mais riches en quelques espèces considérées comme de mauvais bio-indicateurs tels que grands chironomidés par exemple), ce qui peut aussi intéresser les gestionnaires de milieux naturels prenant en compte cette espèce dans leurs plans de gestion.